Fayard
Broché, 438 pages
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Hymne
de Kenji Nakagami
Quatrième de couverture
Épilogue de Sur les ailes du soleil, Hymne en diffère autant par sa
tonalité que par sa construction. Les sept vieilles femmes, réduites au
nombre de trois, ne refont leur apparition que tardivement, à la façon
d'un mirage destiné à taquiner la mémoire endolorie du personnage qui
occupe ici le premier plan : Tsuyoshi, devenu un gigolo sous le nom
d’Yves. La relation du périple en camion jalonné par la visite des
hauts lieux du shintoïsme, menée à la manière d'un rond-point, fait
place à une description ramenée pour l'essentiel à l'inventaire et
l’agencement des sexualités que traverse, en vase clos, l'ex-Tsuyoshi
dans l'anonymat d'un quartier de Tokyo.
Le quartier de Shinjuku, notamment son secteur des commerces du sexe et
celui des boîtes homosexuelles, sert de toile de fond au roman qui ne
peut cependant être tenu pour un simple portrait des moeurs de la
capitale à la fin des années quatre-vingt. Ces espaces urbains ne sont désignés
dans le texte que par les termes neutres de Centre ou de quartier et
jamais nommés pour en accentuer le caractère anonyme, et aussi permettre
de les évoquer comme autant d'avatars dérisoires des « Ruelles », le
théâtre des premiers romans de l'auteur.
Les personnages qui gravitent autour d’Yves, tout comme lui, ne sont
porteurs que de sobriquets plus ou moins bouffons tirés de leur origine
ou de leur profession marginale. Ses, clients, pour la plupart, ne sont
distingués que par leur sexe sous les expressions de « porc blanc » et
« porc noir », dont l'insistance fait sourdement écho à la prédominance
que se disputent dans ce récit homosexualité et hétérosexualité.
Toutes ces figures sont, cependant, contrairement à l'androïde emmuré
dans son corps, changeantes et versatiles à l'extrême, notamment Chonko,
sa maîtresse et entremetteuse, et ont pour trait commun de jouir d'une très
forte acuité à percevoir les désarrois de l'androïde Yves, tantôt
cherchant à le conforter dans ses rengaines narcissiques, tantôt
l'enjoignant à mimer une communication factice. Quant aux objets perdus
de son passé - les trois vieilles fantomatiques, le phallique camion, la
tendresse sauvage de Chonko - aussitôt regagnés, ils sont condamnés à
s'évanouir à leur tour, tels des résidus fallacieux de la mémoire.
L'auteur vu par l'éditeur
Kenji Nakagami est né en 1946 à Shingù, dans la région côtière de
Kumano. Ses études secondaires achevées, il monte à Tokyo où il exerce
divers métiers manuels qui lui permettent de satisfaire sa passion du
jazz et de l'écriture. En 1973, il publie ses premières nouvelles ; en
1975, le Cap lui vaut le fameux prix Akutagawa suivi d'autres, notamment
pour la Mer aux arbres morts (1977). Centrée sur son quartier ghetto et
sa ville natale, son oeuvre foisonnante et forte s'élargira peu à peu au
pays et à l'Asie, et à leurs diverses ethnies. Kenji Nakagami est mort
d'un cancer en 1992, laissant plusieurs oeuvres inédites.
SDM
Un gigolo, androïde vénal au sexe fabuleux comme la licorne des légendes,
couche avec des hommes et des femmes et pratique toutes les combinaisons
possibles, avec la certitude d'avoir gardé une parfaite innocence".
Au-delà de l'envahissante sexualité, on peut imaginer le drame d'un être
coincé "entre la langue synthétique de l'androïde et l'accent de
son patois" (K. N.). Mais, comme l'écrit R. de Ceccatty, le roman ne
propose aucune réflexion sur la sexualité, aucun projet philosophique.
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